Sudpresse, le groupe charognard

janvier 10, 2015

Sudpresse a encore frappé. Fort.

A l’heure où la réflexion s’impose (même si beaucoup s’en passeront), à l’heure où il faut mettre fin à la haine en informant et en prenant du recul, à l’heure où des millions de gens, d’entreprises, de médias déclinent leur nouvelle identité (« Je suis Charlie ») – même Sudpresse! – Sudpresse offre à ses lecteurs et à tout qui passera devant sa Une de quoi nourrir la haine et la bêtise qui l’entretient.

A l’heure où il proclame « Je suis Charlie », ce groupe de presse fait exactement ce que ce journal combat (à sa manière plus ou moins heureuse, mais ce n’est pas la question) au péril de la vie de ceux qui le font : de la merde, de l’imposture intellectuelle, du mensonge.

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Non, Justice n’est pas faite. La Justice ne pratique plus la peine de mort en France depuis 1981.

Non, Justice n’est pas faite. 3 hommes qui mettaient la vie d’autres gens en danger ont été abattus.

Non, Justice n’est pas faite. Justice sera faite aux victimes de ces horreurs quand enfin des médias comme Sudpresse arrêteront de nuire à tout le monde, en entretenant l’ignorance, en proférant des mensonges et en tirant tout le monde vers le bas.

Justice sera faite aux victimes de ces horreurs quand plus un journal comme Sudpresse ne vendra plus encore un peu plus de merde que d’habitude en surfant sur des tragédies de la pire des façons, y compris en offrant des autocollants « Je suis Charlie » à ceux qui achèteront ses journaux.

Sudpresse n’est pas Charlie. Charlie luttait pour l’intelligence et l’esprit. Charlie était l’un des seuls à vivre sans publicité. Sudpresse a tenté aujourd’hui de se faire du pognon sur des cadavres encore chauds, sans se soucier des morts que provoqueront encore l’ignorance et la haine ainsi diffusées.

(Et je tiens ici à répéter ce que j’ai déjà dit: il ne faut pas confondre Sudpresse et ses journalistes. Certains parmi eux luttent pour faire un bon boulot. Et je les plains sincèrement qu’il soit ainsi emballé)

32 Réponses to “Sudpresse, le groupe charognard”

  1. Mortroux Patrick. said

    Anne, encore une fois tu as raison, mais encore une fois, je trouve que tu devrais éviter l’insulte directe, ce qui grandirait ton propos… et puis je ne comprends pas ce distinguo entre le journal et ceux qui le font… ceci dit, je vais me cacher en attendant tes représailles…

    • annelowenthal said

      Je ne vois pas d’insulte directe, tu me dis où tu en lis? Si c’est à « charognard » que tu penses, ce n’est pas une insulte. C’est le nom qu’on donne aux animaux qui se nourrissent de cadavres.
      Un journal, c’est un groupe, avec des dirigeants qui n’ont rien à voir avec le contenu, sauf les annonceurs, avec des rédacs’chefs qui n’ont rien à voir avec le travail des éditions locales etc.

  2. Cornelis D. said

    Bonjour,
    Je suis d’accord sur le fond de votre réaction. Par contre le débat est ouvert sur sa forme et l’utilisation de certains mots mais surtout sur l’interprétation que peut faire le récepteur du message.
    Le métier de rédacteur n’est certes pas facile.
    Bien cordialement.

    • annelowenthal said

      Dites-moi, quelles interprétations possibles?

      • Cornelis D. said

        Re-bonjour,
        La réponse est simple, autant d’interprétations possible que de récepteurs. C’est toute la complexité de la communication (que j’enseigne).
        Bien cordialement,
        Daniel

  3. Meuter Fabrice said

    Je cautionne votre article à 100%. Une presse de pillier de comptoir sans aucune analyse et sans jamais de piste de réflexion. Tout est basé sur le jugement de masse, sur des gros titres accrocheurs qui attirent le regard. Ce titre est une honte pour le premier groupe de presse écrite de Wallonie! Là où le Vif l’express, par exemple, s’arrête sur les manifestations en l’honneur des terroristes qui se sont déroulées en Afghanistan, SudPresse boucle l’affaire par la mort des trois terroristes. Mais ces gars ont grandi dans nos sociétés, ils ont été éduqués avec nos soi-disant valeurs démocratiques. Et pourtant … Ils sont capables d’abattre de sang-froid autant d’innocents! Combien en reste -t-il en France ? 10 ?100 ? 5000?

  4. Flo said

    Je partage votre avis à propos de Sud Presse qui pratique volontiers les amalgames, attise la haine et nourrit la bêtise de certains. Votre article à propos de Michelle Martin met également en évidence leur propension à s’acharner sur un thème, en oubliant toute objectivité. Je ne cautionne en rien les faits commis par cette femme et je ne lui serrerais pas la main. Mais elle a été jugée (par le peuple!) et a purgé sa peine. Il y a des dizaines d’autres personnes qui ont commis d’autres horreurs et qui , une fois leur dette payée,retombent dans l’anonymat parce qu’ils ont été moins médiatisés, parce que leurs crimes n’ont pas atteint un peuple entier. C’est notre système, notre justice et la justice doit être appliquée pour tous de façon équitable.
    Je voudrais élargir le sujet et vous parler un peu de Charlie… 60.000 lecteurs ……1.000.000 de lecteurs pour le prochain tirage. Tous ces Charlie qui s’affichent…l’ont-ils jamais eu en mains? Bien sûr, je sais qu’on parle au sens large de la liberté d’expression et non du journal en lui-même. Mais toutes ces publications sur les réseaux sociaux, des pires aux meilleures…Cela touche tout le monde, bien sûr et j’en ai versé, des larmes, en regardant les journaux télévisés ces derniers jours…mais quand même, je reste sur mes gardes…

    « Je me méfie de ces grands élans unanimes de compassion lors des grandes tragédies. Aptes à canaliser la tristesse et l’émotion générale, ils risquent aussi de masquer l’essentiel. »
    Alain Destexhe

    La seule publication qui a fait écho à mon sentiment profond est celle-ci et je me permets de vous donner le lien, je pense que cela vous intéressera.

    http://www.levif.be/actualite/international/nous-sommes-tous-charlie-vraiment/article-opinion-360489.html

  5. Poil said

    Anne, je ne sais pas qui vous êtes mais votre réaction « à chaud » me parait un peu insensée.
    Le titre est provocateur mais c’est un détail par rapport avec ce qui vient de se passer.
    Vouloir en finir avec Sudpresse, c’est comme ceux qui voulaient (Comme le FN, puis nombre d’intégristes) en finir avec Charlie Hebdo)
    Les assassins étaient des charognards. Point. Tout le reste est prose inutile.Et l’action du RAID fut exemplaire.
    A force d’avoir peur de faire peur à ceux qui veulent détruire nos valeurs, vous finirez par lire et vivre bien pire.

    • annelowenthal said

      Je n’ai dit nulle part qu’il fallait en finir avec Sudpresse. J’ai dit que sudpresse devait en finir avec sa politique. Quant au Raid, je ne suis pas spécialiste et ce n’est pas du tout le sujet.

      A force d’inventer les propos qu’on commente pour les adapter à ceux qu’on veut tenir, on finit rédac chef de sudpresse 😉

      • j’aime bien l’article et votre réponse, mais en les traitant de charognard, vous salissez durablement leur image, pas seulement une politique momentanée.

      • annelowenthal said

        Momentanée, pas vraiment. J’y travaillais il y a presque 20 ans et on prenait déjà ce chemin… ceci dit, si SP change sa politique, je serai la première à m’en réjouir, y compris pour mes amis qui y sont toujours. Et à le dire!

  6. Chienrouge said

    Tout qui a un peu de notion de journalisme, de commu, sait, effectivement, que le groupe sud presse a choisit le biè de l’émotion populaire, facile, comme ligne éditoriale. Je me pose souvent la question de savoir jusqu’à quel point ses journalistes, forcément un peu au fait des trucs et ficelles de leur métier, d’une part, sont, conscients de ce qu’ils font, de ce à quoi ils contribuent, et, d’autre part, comment ils justifient ça, face à d’autres, mais surtout face à eux même.

    Je rêve d’avoir un jour une conversation en off avec l’un d’entre eux

    • annelowenthal said

      J’ai travaillé chez Sudpresse il y a presque 20 ans. Dans une édition très libre qui faisait du bon boulot. Il y a encore de bons journalistes dans certaines éditions et ils font un vrai bon travail. Le problème en effet est la limite entre ce travail et son emballage (les pages nationales et surtout la Une). J’en connais quelques uns, ça peut s’organiser, mais pas avec un anonyme 😉

  7. Cornet Philippe said

    hier quand je suis entré en possession du journal LA MEUSE, j’en ai déchiré la couverture, j’ai pris un pot de peinture, pour en recouvrir la moité inférieure et y surcoller le message suivant: le journal de la haine a vomi. J’avais développé le même type de réflexion que vous… Entendant par là que justice n’avait pas été rendue. Merci pour votre texte. Sachez que vous êtes en contact avec quelqu’un qui passe du temps à lire les propos haineux que laisse passer le dit-média (tout en se faisant passer pour un charlie). Pour exemple de la haine distillée, je reprendrai presque mot pour mot le mail d’un lecteur qui proposait d’enterrer les extrémistes dans des peaux de porcs ou de les mettre en terre avec 72 truies… Voilà! C’est dire le fumier entretenu!

  8. Théo said

    Cet article est on ne peut plus clair et exprime exactement ce que je pensais sur la façon de faire du groupe SudPresse. Le sensationnalisme exagéré de ce qui y est publié est assez énervant à lire, lorsqu’en plus on y ajoute une dimension commerciale, je trouve que le but de l’information est perdu, et c’est dommage.

    Merci pour cet article !

  9. Charlotte said

    Bonjour,

    Je suis d’accord avec vous. Je tenais simplement à partager quelque chose avec vous, au sujet de Sudpress. Le père d’un ami à moi y a travaillé toute sa vie en tant que journaliste mais, il y a un peu plus de 2 ans maintenant, il a fini par en avoir ras-le-bol et est tombé en dépression. Pourquoi? A cause de son travail, des rédacteurs chef et de la façon dont Sudpress « aguiche » les lecteurs avec des titres chocs et des articles parfois ridicules. C’était un excellent journaliste mais il a quitté son travail car il sentait qu’il contribuait à ces stupidités et ne le supportait plus. Bien évidemment, il a précisé qu’il avait beaucoup de collègues qu’il estimait beaucoup, tous les journalistes ne sont pas à mettre dans le même panier! Il se porte beaucoup mieux maintenant… Tout cela pour vous dire (à vous, lecteurs, qui ne comprenez pas comment des journalistes peuvent travailler là sans se rendre compte de ce à quoi ils contribuent) que parfois, on a pas le choix, et parfois certains bons journalistes écrivent de très bons articles relégués dans un coin du journal pour faire place à des articles « sensation ». Il ne faut pas croire que l’ont ne peut différencier le journal et ceux qui y travaillent…

    • annelowenthal said

      Merci pour ce témoignage. Il est éclairant. J’ai moi-même travaillé pour ce groupe, avant l’appellation « sudpresse » et on sentait le vent venir 😦

  10. Depuis le 28/12, l’Affaire SudPresque suit au quotidien les dérives de ce torchon. Si vous voulez donner un coup de main, vous êtes les bienvenus.
    https://www.facebook.com/lesudpresque

  11. JeSuisMoi said

    Et quel rapport avec l’abolition de la peine de mort tout cela a-t-il? … Ce serait pas mal de commencer par balayer d’abord devant sa porte, avant de reprocher aux autres ce que l’on fait soi-même…

    • annelowenthal said

      Vous ne voyez pas le rapport? Vraiment? Alors réfléchissez, pour voir. Et merci de ne pas commenter anonymement. En principe, je ne publie pas.

  12. Denis said

    Je vous rejoins sur cette malheureuse « Une » de SudPresse. Justice n’est pas faite!

    Justice n’est certainement pas faite car ces terroristes ne feront jamais face à leurs actes. Mourir soi-disant en martyrs en provoquant un assaut final (nécessaire, inévitable dans ces cas précis), c’est éviter de faire face (plus tard) au désastre qu’ils ont commis. Justice n’est pas faite.

    Cette « Une » mixant les mots « Justice » et « Abattu » manque clairement de respect vis-à-vis des forces de l’ordre qui n’étaient pas là pour rendre justice mais pour faire leur travail en sauvant les otages, en appréhendant (au mieux) ces meurtriers pour les remettre à la justice ou en les neutralisant (au pire).
    Ne nous abaissons pas au niveau « 0 » de réflexion de ces meurtriers lobotomisés qui, eux, proclament et célèbrent des peines de mort à tour de bras.

    Concernant l’autocollant souvenir GRATUIT… ça ne mérite pas de commentaire. C’est formule affichée en haut de première page, est immonde.

  13. André Brunelle said

    Même si je me souviens que je n’ai pas toujours été d’accord avec vous, ici je vous suis. Et ceux qui trouvent vos propos outranciers ne sont sans doute pas des lecteurs de Charlie Hebdo !

  14. Que dire qui n’ait été dit…merci à vous,

    Âme…..aide 😉

    ps :mes blogs…..pour « l’heurt » sont fermés…
    Ami—-calmant. 😉

  15. Claude Leroy, médecin journaliste said

    Bonjour;
    Dans le milieu, on sait très bien que les journalistes de qualité (et d’éthique, surtout) ne se battent pas pour travailler dans ce groupe de presse… Reste que la profession est en crise, et que certains se sentent obligés d’y travailler pour survivre en espérant mieux, un jour. Pas très brillant, c’est sûr. Mais, autrement plus graves, certains s’y sentent comme des poissons dans l’eau. Et je préfère ne pas dire ce que je pense de la direction éditoriale, je risque de devenir grossier.

    • annelowenthal said

      Il y a aussi ceux qui y sont depuis des années et ont vu de l’intérieur les choses évoluer, ont continué à faire du bon boulot et feront sans doute un jour en sorte que ça change (j’espère)

  16. Claude Leroy, médecin journaliste said

    (PS : Anne, petit bug, votre blog m’indique l’heure d’été)

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