L’odieux chantage d’Yvan Mayeur

septembre 20, 2013

Depuis une semaine, 450 Afghans occupent un bâtiment vide de la rue du Trône à Ixelles (Bruxelles). Ils ont été déboutés de leur demande d’asile, au prétexte que le danger était désormais écarté en Afghanistan.

J’utilise sciemment le terme « prétexte », étant donné que si pour les Afghans, le danger est écarté- et à moins que les Afghans ne soient dotés de super-pouvoirs- on ne peut que s’étonner du message du Ministère des Affaires étrangères sur son site officiel, ici.

On peut, certes, m’objecter que certaines zones semblent sûres en Afghanistan. On peut aussi discuter des délais inacceptables de traitement des dossiers d’asile. On peut aussi se demander ce que font nos soldats en Afghanistan, si le danger est écarté.

Mais ce n’est pas mon propos. Mon propos, c’est un article du Soir de ce jour, titré « Afghans contre SDF Bruxellois: à Di Rupo de jouer ».

Afghans2

Le SDF Bruxellois et le froid

Dans l’article, Yvan Mayeur, président du CPAS de Bruxelles, déplore que ce bâtiment ait été occupé alors même que des travaux y étaient prévus pour y accueillir, l’hiver prochain, des, je cite l’article, « SDF Bruxellois ».

La formule est épatante. Donc on est SDF, sans domicile fixe et, comme ça arrange Monsieur Mayeur, on est aussi bruxellois.

Soit on a loupé une nouvelle mesure socialiste anti-SDF qui aurait décrété qu’à partir d’un temps T, tous les SDF qui se trouvaient dans les rues de Bruxelles ne pouvaient plus quitter le territoire bruxellois et on a posté des flics à toutes les sorties, soit il y a comme une antinomie…

Et si la première hypothèse est la bonne, il doit y avoir quelque part un texte qui stipule « Un SDF bruxellois est un SDF qui se trouvait dans les rues de Bruxelles au temps T ». Et il doit y avoir un genre de carte d’identité propre aux SDF Bruxellois. Parce que des SDF, à Bruxelles, il y en a de toutes les origines, y compris de partout en Belgique.

En fait, des SDF, il y en a plein à Bruxelles, parce que c’est à Bruxelles que beaucoup « atterrissent », qu’ils ont le plus de chances de trouver un abri, qu’ils doivent effectuer des démarches, que les gens « ont l’habitude » de les enjamber, bref, qu’ils sont le moins mal.

Nos pauvres vs ceux des autres

Mais bon, si Yvan Mayeur veut se les approprier, grand bien lui fasse. Et grand bien leur fasse aussi, d’ailleurs, puisqu’il a décidé de pleurer sur leur sort (on progresse).

Avec un peu de chance, ils feront même partie de sa prochaine campagne électorale, à l’instar des usagers du CPAS qu’il préside lors de la précédente campagne…

Mayeur

Ou alors quand il sera bourgmestre (on dit qu’il le sera) quelque chose du genre « Yvan Mayeur, bourgmestre de Bruxelles, plus de XXXXXX SDF! »

C’est beau quand même. Yvan Mayeur, il aime tellement les pauvres qu’il les veut tous pour lui. Qu’il monte au créneau quand de méchants Afghans leur volent le bâtiment où il comptait les loger cet hiver (ceux qui auront survécu à la rue d’ici-là, du moins – et à la rue, on meurt plus en été qu’en hiver, mais ils ont déjà du mal à prévoir qu’il fera froid en hiver, alors n’en demandons pas trop -).

Et il se fâche, hein! Sur un air de forum de média, il assène, furibond: « Cette occupation est une violence faite aux sans-abri et à ceux qui s’en occupent!« , méchants, méchants, méchants Afghans!

Je lui dirais bien

Je lui dirais bien que le sans-abrisme est une violence faite aux gens.

Je lui dirais bien que si on fait partie de « ceux qui s’occupent des sans-abri », c’est parce qu’il y a des sans-abri et qu’on ne l’accepte pas.

Je lui dirais bien que les Afghans ne sont en rien responsables du sans-abrisme bruxellois.

Je lui dirais bien que les Afghans ne sont en rien responsables de ce qui se passe dans le pays qu’ils ont dû fuir.

Je lui dirais bien que si on écoutait (et entendait!) les Afghans, si on leur donnait une réponse acceptable demain, le bâtiment serait vidé.

Je lui dirais bien qu’on en a marre de ces plans hivernaux qui ne résolvent rien et empêchent tout travail de longue haleine.

Je lui dirais bien d’aller dire à Maggie De Block que ce n’est pas contre la dépense de l’argent de la lutte contre la pauvreté qu’elle doit lutter, mais contre la pauvreté, et qu’elle rende les 90 millions d’euros qu’elle a économisés sur la politique d’accueil pour pouvoir le dire dans les médias.

Je lui dirais bien que des bâtiments vides, il y en a des milliers à Bruxelles:

https://www.youtube.com/watch?v=A2p3f2J8YWQ

Je dirais bien au Soir qu’il ne s’agit pas de faire un choix entre « les Afghans » et « les SDF Bruxellois ».

Je leur dirais bien que poser ce problème en terme de choix, c’est digne des PP, FN et autre Vlaams Belang et de leurs cibles haineuses et imbéciles qui hantent les forums des médias.

Je leur dirais bien qu’entre ceux-là et l’intelligence, il est urgent que eux fassent un choix.

Que les choses soient claires.

5 Réponses to “L’odieux chantage d’Yvan Mayeur”

  1. Thierry said

    Il est urgent de dire que Le Soir est une feuille de M… tout juste bonne à allumer le feu, au sens propre et au sens figuré. Cet article et son titre en son une Nième preuve.

  2. Jean-Marie KANINDA said

    Le PS bruxellois n’est pas si différent des PP, FN et autres VB sauf dans la rhétorique. In concreto, c’est pareil. Pire, le PS bruxellois aimme tellement les pauvres qu’il en crée…et ce n’est pas une « formule » choc pour capter l’attention. Lorsque vous prendrez connaissance de ce que certains de ses mandataires (Yvan MAYEUR, Laurette ONKELINX, Magda DE GALAN, Anne-Marie LIZIN, Jean-Marie AMAND…etc…) ont fait pour me spolier, pour appauvrir ma famille, frauder le fisc et frauder la sécurité sociale comme le Ministre Jérôme CAHUZAC en France… vous comprendrez mieux qu’Yvan MAYEUR n’est pas décalé ni en contradiction avec les pratiques douteuses du PS bruxellois.

  3. […] semaine dernière, Yvan Mayeur, bourgmestre de Bruxelles, s’essayait au chantage pour faire sortir ces gens. En vain, […]

  4. Steve said

    Yvan Mayeur n’est pas à son premier coup d’essai dans le genre humanitaire. En 2009, l’auditeur du travail, Henri Funck, avait annoncé son intention de renvoyer 13 conseillers du CPAS de Bxl, dont Yvan Mayeur, devant le tribunal correctionnel pour coalition de fonctionnaires. Le CPAS de Bxl avait refusé de prendre en charge les demandeurs d’asile déboutés par Fedasil avec leurs enfants de l’aide médicale urgente de 2009 à 2011.

    http://www.lalibre.be/actu/belgique/le-cpas-de-la-ville-poursuivi-51b8d635e4b0de6db9c2226d

  5. […] où il a affiché sa tête avec le nombre effarant de bénéficiaires de "son" CPAS, on l’a vu récemment avec les Afghans, qu’il a tenté d’opposer à "nos" sdf, on l’a vu hier, quand il […]

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